La semaine dernière, les médias ont attiré l'attention sur les importants travaux de terrassement qui s'annoncent dans le cadre de la liaison Oosterweel, au Linkeroever, dans une zone contaminée par des PFAS. Des mouvements écologiques ont souligné que les terres polluées allaient se retrouver partout en Flandre. Les ministres Lydia Peeters et Zuhal Demir ont quant à elles expliqué que Lantis s'engage à traiter les terres polluées par le PFOS dans la zone du projet conformément aux obligations et dispositions en matière de travaux de terrassement.

Kurt Bouckenooghe
Kurt Bouckenooghe Principal Advisor Groundwater and Ecohydrology Contactez-nous

Les PFAS, qu'est-ce que c'est ?

substances per et polyfluoroalkylées (PFAS) constituent un grand groupe de plus de 6.000 produits fabriqués par l'homme, naturellement absents dans l'environnement. Les PFAS les plus connues sont le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) en le PFOA (acide perfluorooctanoïque). Elles sont utilisées dans toutes sortes de produits, car elles repoussent l'eau, la graisse et la saleté. On les retrouve notamment dans les textiles, les tapis et les casseroles. Les PFAS aboutissent dans l'environnement à la suite de leur utilisation dans ces produits, des émissions des usines, d'incidents et même de l'extinction de feux à l'aide de mousse. Les PFAS ne se dégradent pas, se répandent facilement et peuvent s'accumuler dans les cellules des animaux, des plantes et du corps humain, ce qui leur vaut la dénomination de « forever chemicals », polluants éternels.

Où trouve-t-on des PFAS ?

Hormis aux endroits où elles sont produites ou utilisées, par exemple lors de la fabrication de Téflon et dans l'industrie de la galvanisation, le risque que des PFAS soient libérées dans l'environnement est élevé aux endroits où de la mousse ignifuge est employée. Dans une moindre mesure, d'autres industries de transformation, telles que l'industrie du textile, du papier et de l'emballage, l'industrie de la laque et de la peinture, les décharges, les installations d'épuration des eaux et les installations d'incinération des déchets, sont considérées comme des sites potentiellement à risque.

Comment les PFAS se répandent-elles dans l'environnement ?

Une fois déversées, les PFAS peuvent se dissoudre lentement dans le sol (lixiviation), puis passer dans les eaux souterraines via le sol et se répandre ainsi dans l'environnement. Elles peuvent également se propager par l'air, puis retomber (dépôt) sur le sol ou dans les eaux de surface. Enfin, les boues polluées, les travaux de terrassement ou de dragage et la transformation des précurseurs en acides perfluoroalkylés (PFAA) dans l'environnement peuvent aussi être à l'origine de leur diffusion.

Les PFAS ne se dégradent pas, se répandent facilement et peuvent s'accumuler dans les cellules des animaux, des plantes et du corps humain, ce qui leur vaut la dénomination de « forever chemicals », polluants éternels.


Kurt Bouckenooghe
Expert en dépollution du sol et de l'eau souterraine chez Antea Group

Quand les PFAS sont-elles des substances suspectes ?

Lorsqu'une étude indicative de l'état du sol ou un rapport technique concernant un terrain sur lequel le risque de libération de PFAS dans l'environnement est « grand » est établi en Flandre, les PFAS doivent toujours être considérées comme des substances suspectes. Pour tous les autres études indicatives de l'état du sol et rapports techniques, il revient à l'expert en assainissement du sol agréé d'évaluer si les PFAS doivent être considérées comme un groupe de substances suspectes.

Comme éviter une propagation incontrôlée des PFAS lors de travaux de terrassement ou d'action sur les eaux souterraines ?

Il est important d'éviter que les actions humaines engendrent une propagation incontrôlée de matières du sol potentiellement contaminées par des PFAS. Les principes généraux dans le cadre des travaux de terrassement s'appliquent toujours en Flandre. Ces principes sont édictés et surveillés par l'OVAM.

Les terres excavées sur les terrains où une contamination par des PFAS est suspectée, tels que l'Oosterweel, doivent de préférence être autant que possible réutilisées sur le terrain même. Toutefois, afin d'éviter que des PFAS se répandent de manière incontrôlée dans des zones résidentielles, notamment, la réutilisation des terres polluées en dehors de la zone de travail cadastrale est déconseillée.

En outre, si le risque de libération des PFAS dans l'environnement est « grand » en raison d'une action sur les eaux souterraines (exhaure ou infiltration des eaux pluviales, par exemple) dans une zone où des PFAS sont déjà présentes, un prélèvement et une analyse préalables des eaux souterraines, afin de détecter les PFAS (PFOS et PFOA) sont souhaitables. Une étude indicative de l'état du sol peut par ailleurs toujours être importante. En effet, dans le passé, les PFAS (et d'autres substances) étaient rarement considérées comme des substances suspectes. Afin de contenir la propagation incontrôlée, l'OVAM pourrait faire réaliser en priorité une étude indicative de l'état du sol des terrains à risque qui n'ont pas encore été étudiés dans la zone d'influence de l'action sur les eaux souterraines. Malheureusement, ce n'est pas encore le cas pour l'instant.

Comment Antea Group aborde-t-il la problématique des PFAS ?

Durant les travaux de démolition d'un ancien site du constructeur automobile General Motors (GM / Opel), une cuve de mousse d'extinction a été retirée. Lors de cette opération, une petite quantité de mousse d'extinction s'est retrouvée sur le sol. Une analyse en vue du dosage du PFOS (puis, plus tard, des PFAS) dans le sol et dans les eaux souterraines a dès lors été réalisée.

Les résultats des analyses ont montré que la pollution par le PFOS/les PFAS sur le site était telle que l'incident impliquant la cuve de mousse d'extinction ne pouvait l'expliquer. L'OVAM a dès lors demandé à Antea Group de réaliser une étude du sol supplémentaire, afin de déterminer la présence de PFOS/PFAS dans le sol et les eaux souterraines. Les résultats de cette étude ont été intégrés dès 2018 dans une première étude descriptive, réalisée par phases, de l'état du sol. L'année dernière, nous avons établi un premier projet d'assainissement du sol par phases. Le 29 juin 2020, ce projet a été déclaré conforme et a débuté à la fin de l'année passée.

En collaboration avec nos commanditaires, OVAM et Port of Antwerp, nous avons résolument opté pour la réutilisation sur le lieu d'origine des terres polluées par des PFAS, après assainissement physicochimique. En effet, la technique d'assainissement ne garantit pas l'élimination complète de toutes les PFAS présentes. Les terres sont ainsi maintenues hors du circuit normal des travaux de terrassement et seule une pollution résiduelle par les PFAS subsiste sur le site.